David Bontemps, compositeur et pianiste classique

Musicien versatile, David Bontemps joue et compose de la musique populaire et jazz sans renier son talent exceptionnel pour la composition et l'interprétation classiques. Il livre sur cet enregistrement le meilleur de ses œuvres pianistiques dont la poétique relève autant du romantisme méditatif et exalté des Années de Pèlerinage de Franz Liszt (1811-1886) que de la mythologie haïtienne. L'esthétique pianistique de David Bontemps prend aussi place dans la perspective ouverte par Carmen Brouard (1909-2005) chez qui la forme sonate sert de réceptacle à l'expression des sentiments de l'artiste et à une traduction très personnelle de la sensibilité musicale collective de ses concitoyens haïtiens. Dans cet esprit, je commenterai brièvement chacune des œuvres de ce disque.

1. Sans titre, situe Bontemps dans ce paradigme de modernité où l'artiste, généralement le peintre, n'intitule pas sa pièce pour laisser libre cours à l'imagination du récepteur. Le mot «Prélude» qui suit ce titre oxymore fait fonction d'ouverture en inaugurant le jeu annoncé.

2. Mwen toujou renmen-w (Je t'aime encore) unique introspection autobiographique du disque, est une méditation sur la persévérance du sentiment amoureux malgré la rupture survenue.

3. Transe : Suite en mi mineur : 1) Yanvalou – Mayi; 2) Aux Esprits de l'eau; 3) Kase – Banda – Kase. Cette sonate en trois mouvements doit son nom de suite aux cinq figures de danses d'adoration ou de jubilation dont l'enchaînement stylise l'exaltation des sectateurs du vaudou.

4. Sonate Marron inconnu : 1) Presto agitato; 2) Andante con moto; 3) Allegro con brio. Œuvre épique en trois mouvements qui glorifie l'itinéraire de l'esclave «marron» qui, au risque de sa vie, erre en quête de liberté. L’andante central et l’allegro final s’enchaînent sans interruption.

5. Angélus. Ce moment d'intense recueillement n'est pas sans évoquer le célèbre tableau de Jean-François Millet (1814-1875). Il confirme aussi la ferveur lisztienne caractéristique du style de Bontemps dont l'Angélus fait écho au morceau du même titre qui ouvre le troisième volume des Années de Pèlerinage.

Ces œuvres somptueuses de Bontemps ont de l'ascendance tout en signant une personnalité profondément originale.

Claude Dauphin, musicologue.
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David Bontemps, classical composer and pianist

Versatile musician, David Bontemps plays and composes popular music and jazz without denying his exceptional talent for composing and interpreting classical music. He delivers, on this record, the best of his piano works whose poetics remind as much of contemplative romanticism, exalted in Années de Pèlerinage, by Franz Liszt (1811-1886), as the Haitian mythology. The aesthetics of David Bontemps’ piano also take place in the perspective opened by Carmen Brouard (1909-2005) for whom the sonata form is used as a receptacle for the expression of feelings of the artist and a very personal translation of the collective musical sensitivity of his fellow Haitians. In this spirit, I will comment briefly on each of the works of this disc.


1. Sans titre (without title): places Bontemps in this paradigm of modernity in which the artist, usually a painter, does not title the work to give free rein to the imagination of the receiver. The word “Prelude” that follows this oxymoronic title announces what is coming.

2. Mwen toujou Renmen-w (I still love you): is the unique autobiographical introspection of the disc, it is a meditation on the persistence of feelings of love despite the rupture.

3. Transe: Suite in E minor: 1) Yanvalou-Mayi; 2) Aux Esprits de l’eau; 3) Kase-Banda-Kase. This three-movement sonata is named “Suite” after the five figures of worship or jubilation dance whose sequence stylizes the exaltation of the followers of voodoo.

4. The Unkown Maroon Sonata: 1) Presto agitato; 2) Andante con moto; 3) Allegro con brio. A three-movement epic work that glorifies the itinerary of the “maroon” slave who, at the risk of his own life, wanders in a search for freedom. The final allegro follows the central andante without interruption.

5. Angélus: This moment of intense contemplation is reminiscent of the famous painting by Jean-François Millet (1814-1875). It also confirms Liszt’s fervour, characteristic of Bontemps’ style that Angélus echoes from a piece of the same title which opens the third volume of Années de Pèlerinage.

These Bontemps’ works have a sumptuous ascendance while showing a profoundly original personality.


Claude Dauphin, musicologist

Translation: Djessy Monnier